Le baril de brut fait des vagues, et dans les pays du Golfe, ça se ressent vite. Entre ralentissement de la demande mondiale, quotas de production et incertitudes géopolitiques, les revenus pétroliers ne suffisent plus à tout porter. Résultat : les États du Conseil de coopération du Golfe doivent regarder ailleurs. Et vite.
Des recettes qui tanguent
Le pétrole ne rapporte plus comme avant. Le prix du baril reste volatil, coincé entre décisions de l’OPEP+ et refroidissement économique mondial. En parallèle, les quotas imposés depuis mi-2023 limitent le volume exporté. Moins de volume, prix instables : les finances publiques des pays pétroliers sont sous pression.
L’Arabie saoudite, par exemple, mise sur un pétrole autour de 96 dollars pour équilibrer son budget. On en est loin. Même scénario aux Émirats, au Koweït ou encore au Qatar. Tous sont contraints de revoir leurs calculs. Pas le choix : les dépenses publiques sont énormes, notamment à cause des projets de diversification engagés depuis quelques années.
Les fondamentaux en ligne de mire
Alors ils serrent les boulons. Objectif : revenir à l’essentiel. Relancer les bases productives hors hydrocarbures. Dans plusieurs pays, on voit les investissements publics se rediriger vers des secteurs comme l’industrie, les services logistiques ou encore les énergies renouvelables. L’idée ? Réduire l’exposition au brut, sans tout casser.
Ça avance, doucement. L’Arabie saoudite mise beaucoup sur NEOM et ses zones industrielles. Les Émirats continuent d’attirer des capitaux dans les fintechs, la logistique ou l’hydrogène. Le Qatar renforce sa place de hub gazier et cherche à grimper dans la chaîne de valeur énergétique. Ce n’est pas la révolution verte, mais le virage est amorcé.
Les finances publiques sous pression
Pour financer tout ça, il faut de l’argent. Et sans les revenus du pétrole à leur maximum, les États commencent à piocher dans les réserves, voire à émettre plus de dette. Mais là encore, ils marchent sur une ligne fine. Trop d’endettement, et c’est la notation souveraine qui en prend un coup. Trop de rigueur, et les projets ralentissent.
Certains pays comme Oman ou Bahreïn sont plus vulnérables. Leur dette est déjà élevée, et leurs marges de manœuvre réduites. L’Arabie saoudite, de son côté, reste solide mais brûle beaucoup de cash pour maintenir ses ambitions. Les investisseurs regardent tout ça de près. Ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas juste une année difficile, c’est la crédibilité des plans “post-pétrole”.
La variable géopolitique toujours là
Et comme si ça ne suffisait pas, le contexte régional reste tendu. Le conflit à Gaza, les tensions entre l’Iran et les puissances du Golfe, les rivalités internes à l’OPEP+… Tout cela complique la donne. Le moindre choc peut déséquilibrer une stratégie budgétaire déjà fragile. Les États doivent jongler entre stabilisation économique et diplomatie active.
Cap sur la solidité
Le message envoyé ces derniers mois est clair : fini l’euphorie des années d’or pétrolier. Place à la gestion, à la prudence, à la reconstruction de bases solides. Ce n’est pas encore la fin du tout pétrole. Mais le Golfe, pris dans la houle, tente de garder le cap. Et cette fois, ce ne sont pas les barils qui feront tout le travail.
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